On tente depuis longtemps d’expliquer sans y réussir, pourquoi il y a de la haine à l’égard d’une femme ou d’une catégorie spécifique d’êtres humains.
La misogynie peut résulter de préjugés liés à une société, de surcroît machiste, ou bien à un discours religieux extrémiste, rétrograde et dangereux, où les femmes seraient inférieures et moins capables que les hommes de mener un certain nombre d’actions ou encore un certain type de travail.
Pour certains misogynes, par conséquent, les femmes doivent être reléguées au statut exclusif de procréatrices, elles n’ont pas le droit d’exprimer des opinions ou de prendre des décisions dans le contexte du travail ou de la famille ; parfois, elles sont considérées comme de simples «propriétés» de l’homme.
Pour d’autres, cependant, la question est tout à fait différente, conduisant à une véritable pathologie.
La misogynie, de, «femme», est étymologiquement la haine envers les femmes, manifestée vers le sexe féminin par les hommes ou même par d’autres femmes.
L’attitude du misogyne peut aller de la simple discrimination à la violence verbale ou physique. Beaucoup d’intellectuels, écrivains, philosophes et figures historiques ont été reconnus comme tels. Pour certains, la misogynie s’est manifestée exclusivement dans l’expression ouverte de positions contraires aux femmes et à leur rôle dans la société, tandis que pour d’autres, il y a eu une pathologie claire. Les célèbres tueurs en série, tels que Jack l’Eventreur, entrent dans cette dernière catégorie, tandis que les intellectuels misogynes incluent souvent des philosophes, comme Schopenhauer ou Nietzsche.
C’est une forme de misogynie, par exemple, la discrimination au travail, qui se manifeste par des disparités salariales ou par la difficulté d’occuper une position de leader par rapport aux hommes dans de nombreuses entreprises privées ou bien dans le secteur public, tant en Tunisie qu’en dehors des frontières de notre pays.
Il s’agit aussi de reléguer implicitement et culturellement les femmes aux soins exclusifs de l’unité familiale, d’encourager le licenciement d’une femme enceinte, de ne pas soutenir ou d’aider les mères, de juger leurs choix et comportements sexuels. Une autre caractéristique de la misogynie est de considérer que la femme est au sein de la dichotomie mère/prostituée, jugeant la personne sur la base de sa prétendue moralité ou immoralité sexuelle. Ce dernier aspect est plus présent dans des sociétés où le sexe reste encore un sujet tabou ou lié juste à la procréation, niant ainsi tout rapport entre sexe et plaisir.
Mais la forme la plus évidente de misogynie, qui fait encore aujourd’hui plus de victimes, est celle qui se manifeste par la violence sexuelle ou le meurtre, connu désormais universellement sous le nom de féminicide. L’accent est particulièrement mis sur les cas de meurtres et de violences et leur terrain et environnement privilégiés qui restent la maison et la famille. En effet, si on jette un coup d’œil sur les statistiques européennes, on se rend vite compte de l’augmentation des cas de violences et d’homicides volontaires de la part du conjoint, exercés sur sa femme ou sa compagne. Ce taux a vertigineusement augmenté en 2020 à cause de la Covid, de la frustration, des périodes de confinement et de couvre-feu, où la famille et la maison deviennent une vraie prison pour la femme !
Quant à la Tunisie, il m’a été impossible de retrouver le taux exact de féminicides. Le site de l’Institut national de la statistique semble ignorer le problème…
Pour une ultérieure transparence, le site de l’INS devrait pouvoir prévoir une partie réservée exclusivement au féminicide, comme le font tant d’autres pays.
J’ai, donc, dû me référer au rapport de l’ONU pour connaître le taux de féminicides en Afrique, qui, avec le continent asiatique, reste le plus touché par le nombre de décès. Le continent africain remporte aussi le triste palmarès du plus grand nombre de femmes tuées par leurs partenaires…